« Père, père, regarde la belle statuette avec laquelle joue cet enfant! Père, je pourrais en avoir une aussi? »
Le père regardait l’enfant se trémousser, tout excité qu’il était par la vue de ce jouet. Après l’avoir laissé lambiner quelques instants, il lui dit, bienveillant :
« Elle te plait c’est ça ? Et bien, pourquoi ne lui prends tu pas ? »
L’enfant ne semblait pas comprendre ce que venait de lui dire son paternel. Devant le visage interloqué de son fils, l’homme lui mit la main sur l’épaule et s’expliqua :
« Il a quelque chose que tu désires c’est bien ce que tu me dis. Et bien qu’est ce qui t’empêche de la prendre ? Il me semble que tu es plus grand que lui, et plus fort aussi, alors sers-toi… »
L’enfant réfléchit un instant, puis, convaincu, s’éloigna en direction de l’autre chérubin. Quelques minutes et cris plus tard, il revint, avec à la main la statuette tant convoitée, tachetée de sang. Sa lèvre était enflée et ses habits déchirés mais il était plus qu’heureux : il avait eut ce qu’il convoitait et il avait rendu son père fier.
Dix ans plus tard, c’était un jeune homme que son père menait à l’orée des terres de Versus. Quand ils furent arrivés, le père jeta un regard embué et solennel à son fils.
« Mon fils, je pense t’avoir appris tout ce qui te permettrait d’avoir une belle vie. Je t’ai enseigné les rudiments du maniement de l’épée et ma philosophie sur l’humanité. Aujourd’hui tu es en âge de choisir par toi-même. Tu peux vivre comme je t’ai enseigné en prenant ce que tu désirais aux autres ou choisir une voie plus paisible, de paix, mais aussi d’ennui et de pauvreté… Quoi que tu choisisses tu resteras mon fils adoré. Va et vis ta vie comme tu l’entends. »
Les deux hommes se séparèrent et le plus jeune prit la direction de la ville. Il avait pour seuls bagages un sac de vivres, quelques pièces d’or et à la ceinture une épée émoussée. Un peu léger pour une nouvelle vie…
Sa première étape se fit dans une auberge. Elle était crasseuse et mal éclairée mais s’en dégageait pourtant une agréable odeur de viande rôtie. A l’intérieur, seuls deux clients étaient présent en plus du tavernier. Le jeune homme jaugea les occupants du regard avant d’entrer dans la salle. Il alla directement s’installer à une table juste derrière celle d’un occupant. Celui-ci bien que légèrement malodorant, affichait une mine satisfaite. Le nouvel aventurier décida de l’accoster, une cervoise à la main. Après quelques heures de discussion, le jeune avait appris tout ce qu’il y avait à savoir sur ces terres. Autrefois prospère et paisibles, aujourd’hui plongées dans la guerre. Deux camps, l’un juste et l’autre plus sombre, tous deux tournés vers un seul objectif… Le vieil homme lui avait raconté que les deux guildes les plus puissantes dans cette guère étaient les Gardes de Galador et la guilde du Chaos.
Le jeune aventurier en savait maintenant assez pour se lancer dans sa nouvelle vie sans avoir encore arrêté sa décision sur son orientation… Il prit congé du vieil homme et partit visiter son nouveau lieu d’accueil.
Plongé dans ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite l’homme qui l’appelait derrière. Il le rattrapa et posa sa main sur l’épaule de l’aventurier. Celui-ci, surprit, se retourna brusquement et dégaina son épée. Il se rendit compte que c’était l’homme avec qui il avait parlé à la taverne. Il remarqua aussi l’épaisseur impressionnante de la bourse accrochée à son ceinturon. Avant que le sourire du vieil homme n’ait pu s’éteindre, une épée rouillée était fichée dans son cœur et sa bourse avait changé de propriétaire. Elle te plait c’est ça ? Et bien, pourquoi ne lui prends tu pas ? Les mots de son père résonnaient dans sa tête…
« Merci vieil homme, grâce à toi ma décision est prise, pourquoi changer ce que je suis, je suis bien ainsi »
Quelques lunes plus tard, il faisait face à DRAKE, le maître suprême de la guilde du Chaos, prêt à rejoindre leurs rangs.
Ven 11 Avr - 15:02